© Guillaume COLLOMBET ~photos de nature~

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HISTOIRE d'un montagnard

Publié le mercredi 28 septembre 2011

Dans un coin perdu de montagne, un tout petit savoyard...
Disait la chanson que j'avais dans la tête hier soir, en m'endormant au coin du feu.
Mais le feu ne crépite plus dans le chalet, il s'est éteint pendant la nuit. La pièce s'est rafraichit. Nous sommes à la fin de l'été et déjà une vague de froid fait son retour.

Les vapeurs du café qui dansent devant la lampe me réchauffent le visage, et me réveillent un peu plus. Le sac à dos est prêt depuis la veille, il ne me reste plus qu'à mettre les chaussures et partir à travers la nuit.
Partir là-haut, à la conquête des sommets.


À peine la porte franchit, je m'arrête. J'écoute le silence de la nuit. Un silence que peut-être certaines personnes ne connaissent plus.
Tout est calme, mais parfois une chouette se plait à faire un petit solo dans l'obscurité.
L'air frais et vivifiant passe sur mon visage et finit de me réveiller.
L'hiver, la neige peut me parler de la nuit : si elle n'a pas gelée alors qu'il y a des étoiles, c'est sûrement que le ciel était voilé une partie de la nuit, alors le manteau peut-être plus instable et je risque de m'enfoncer plus par endroit.

Je pars du chalet sous les étoiles, regardant les lumières du hameau d'en face. Les quelques habitants doivent être en train de dormir bien au chaud.
Puis les lueurs disparaissent et je m'enfonce dans la forêt.


Le départ en montagne est souvent dur quand on commence l'ascension dans des fortes pentes. Mais petit à petit les muscles s’échauffent et prennent un bon rythme tout comme la respiration.

Je marche dans les bois, laissant mes yeux s'habituer à l'obscurité. Au début je ne distingue que la cime des arbres qui se détache sur fond d'étoiles. Puis lentement, quelques couleurs claires apparaissent, et dans le sentier qui se perd à travers les sapins j'arrive à suivre quelques pierres blanches qui guident mes pas hasardeux.

Soudain je m'arrête, j'ai cru entendre du bruit ici.


Peut-être est-ce le seigneur de la forêt qui parcourt son royaume comme un fantôme. Je croise parfois le chemin de quelques habitants du sous-bois. Mais souvent je ne vois même pas leur ombre, je n'entends que leur déplacement qui s'éloigne de moi.
Combien de paires d'yeux m'observent ? Combien de museaux reniflent mon odeur qui parcourt régulièrement cette forêt ?
Je ne sais pas.

Je continue d'avancer, et lentement le jour se lève. Alors parfois je surprend les yeux de la nuit qui vont bientôt s'endormir.


Mais la minuscule chouette chevêchette me fait signe de la tête pour me dire que non, elle n'est pas fatiguée !


Pourtant il faut laisser la place aux autres, car la forêt s'éveille.

Au milieu des troncs et des branches il y a du mouvement.




J'aime traverser cette forêt en me plongeant des les différentes ambiances. Parfois dans la nuit j'ai peur, je le reconnais. Sans lampe, on ne se sent pas toujours à notre place.
Le moindre son peut devenir inquiétant.

Pourtant la plus grande terreur des sous-bois, c'est sûrement moi-même. Toute la forêt s'inquiète quand l'odeur désagréable de l'homme traine dans les parages...
Mais j'espère que les animaux se sont habitués ici à mon odeur, à force que je revienne régulièrement ici.

Mais quand j’atteins le sommet de la forêt, c'est tout le temps un plaisir de sortir de l'obscurité des arbres et de découvrir les grands espaces montagnards qui se dressent à l'horizon.
Et cette nuit il a neigé ! En plein mois d'Août...
Quelle magie quand le soleil vient illuminer les montagnes saupoudrées de blanc.

Étoile des neiges, mon cœur amoureux... Poursuit la chanson qui me donne une bonne cadence de marche.


Chaque aube a son charme. Chaque jour, le visage de la montagne change, car il n'y a jamais les mêmes lumières.

Alors on oublie tout, le temps d'une courte pose avant de continuer l'ascension vers les sommets. On laisse notre regard dérivé dans les vagues de nuages,


et on rêve, de ces cimes qui nous paraissent inaccessibles, chargées de mystères, de forces et de beauté sauvage.


Il existe un pays là-haut, qui semble oublié des hommes.

J'accélère la cadence, car les conditions météos sont encore variables, et j'aimerai être au milieu des bouquetins si des belles ambiances s'installent.

Quand j'arrive 600 m plus haut, la météo se couvre, et mon regard s'arrête sur une étoile de neige qui semble ne pas vouloir fondre.
L'edelweiss est une très belle fleur de haute montagne.


Mais couché au milieu de ces fleurs, je me rend compte que je ne suis pas seul. Des sabots s'approchent sous les petits flocons qui se remettent à tomber.


Les bouquetins sont toujours là, fidèles au rendez-vous. Quoique légèrement plus bas que d'habitude à cette période de l'année à cause de la neige de cette nuit.


Ce sont des animaux magnifiques que je côtoie depuis mon enfance. J'ai appris à les connaître, et je reste toujours impressionné par leur agilité au dessus du vide.



Soudain à travers la fine neige, un autre seigneur de la montagne passe en silence.
L'aigle royal déploie ses 2,20 m d'envergure dans le brouillard.



Quand la brume danse au milieu des arrêtes rocheuses, la montagne semble respirer.

Mais ici la météo peut vite changer. Et finalement la brume ne fait que passer, et le soleil fait fondre la fine couche de neige.
L'été revient... En quelques heures !

Alors je poursuit mon chemin en compagnie des bouquetins qui s'activent entre ombre et lumière.


J'adore voir leur silhouette massive qui se découpe en ombre chinoise.


D'ailleurs je ne pars pas forcément à la conquête des sommets. Je préfère m'égarer dans des passages de bouquetins, en quête de lumière et de rencontre avec les animaux qui vivent ici. Car la lumière, c'est elle qui donne toute l’atmosphère des images.




Aujourd'hui je suis partis pour faire une grande traversée. Par moment je suis obligé de ranger l’appareil photo dans le sac, et sortir de piolet pour me tailler des marches. C'est impressionnant de voir avec quelle facilité les bouquetins se déplacent ici.


Mon chemin croise celui d'une perdrix bartavelle, qui disparait de ma vue en courant dans les rochers.


Et puis lentement la chaleur de la journée s'installe, et les cabris prennent leur petit déjeuner.


Soudain un immense planeur s'élève au dessus du pic rocheux.


Le gypaète barbu parcourt les crêtes à la recherche d'os.


Il regarde si un bouquetin ne se serait pas déroché. Mais ils ont le pied sûr, car ils ont grandis dans ce milieu vertigineux.


Au milieu de la journée, la lumière devient trop dur pour faire des photos.

Je poursuit mon ascension et rejoins le lieu où les chamois passent l'été. Et j'attends la douce lumière du soir.
Le soleil descend, et une bondrée apivore tourne dans le ciel, avant de se diriger vers la forêt.


Les chamois parcourent le versant dans les dernières lueurs, pour le plaisir des yeux.


Il faut rentrer...

Partir dans la nuit, marcher, se cacher pour approcher cette faune sauvage et faire du dénivelé avec un sac à dos chargé...
C'est l'histoire d'un montagnard, qui ne pars pas à la conquête des cimes, mais des images d'une nature encore préservée.

Les genoux usés, les mains creusées par le rocher, je rentre épuisé...
On est épuisé physiquement, mais la magie de la montagne, c'est que l'on se sent de plus en plus fort à chaque ascension.
Mais surtout on reste modeste, car c'est la montagne qui décide si l'on doit faire demi-tour où si l'on peut la gravir...

Alors, c'est quand la prochaine ?



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Pour faciliter la lecture de ce blog et vous présenter les photos, j'ai racontée cette histoire en une journée. Mais ce travail est le fruit de plusieurs semaines d'affûts et d'approches.
Texte et photos : Guillaume Collombet

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À pas de velours...

Publié le mercredi 28 septembre 2011


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Prenez 20 minutes pour vous plonger dans l'ambiance des affûts et approches.

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