Ramper, escalader, se cacher... et attendre.
Attendre l'instant parfait pour déclencher.
Chercher à obtenir l'image, celle qui raconte une histoire.
Celle où l’animal est là, dans une ambiance incroyable, où l'émotion se transmet, d'un seul coup d'œil...


4 heures… Voilà 4 heures que je suis à l’affût. Il n’y a rien. Les biches ne sont pas venues. La nuit commence à tombée. Je profite alors que tout soit calme pour quitter mon affût et traverser la forêt pendant que je distingue encore les reliefs.
Mais en remontant, j’aperçois du mouvement !
Les biches sont là, sur la crête juste au dessus. Alors je ne fais plus aucuns gestes. Elles ne m’ont pas vu.
Des branches s’entremêlent devant moi, et laissent des petit trous de lumière où la silhouette des animaux apparait.
Je prends le temps, le temps de choisir mon décors.
Et enfin je trouve l’endroit, celui où la lumière prend forme de sabot et fait ressortir toute l’ambiance de cette soirée. L’obscurité s’accentue. Je ne peux faire que quelques images...
Et puis je rentre de nuit, en faisant un détour pour ne pas déranger les biches.

Faire une image comme celle-ci ne s’improvise pas...
Je vais vous dévoiler quelques astuces qui pourront vous aider pour faire de la photo animalière.





Tout d’abord, il est indispensable d’avoir de bonnes connaissances naturalistes pour voir des animaux !
Il faut essayer de comprendre leurs habitudes, connaître leurs comportements, définir la période favorable, trouver un lieu adéquate…

Cela passe par de nombreuses recherches, mais aussi du temps passé sur le terrain, à observer.


Il y a plusieurs façons de partir faire de la photographie :

La billebaude

J'aime partir marcher, m'égarer dans des endroits sauvages que je ne connais pas forcément. Mais bien souvent ces endroits je les ai plus ou moins repérés, car ils peuvent être plus intéressants à certaines saisons.
On peut ainsi faire des images simplement en se promenant avec son appareil photo, et tenter de saisir les animaux que l’on surprend. Mais attention, la base du photographe animalier, c’est de ne pas déranger !


Ce qui fera toute la réussite de vos rencontres avec la faune sauvage, sera votre capacité à repérer rapidement les animaux, et votre première réaction.
Dès qu'on entend un bruit suspect ou qu'on a la chance de voir quelque chose, il ne faut plus bouger du tout !
Il m'est arrivé plusieurs fois de ne pas pouvoir monté mon appareil photo jusque devant mon visage pour regarder dans le viseur, alors que j'avais l'appareil autour du cou. Tant pis, j'étais observé, alors je ne bougeais plus. J'attendais que les animaux se calment.
Et parfois, avec un peu de chance, au bout d'une quinzaine de minutes, ils reprennent leurs activités. C'est seulement là que l'on peut commencer à essayer de faire quelques photos.


Gélinotte des bois dans son milieu forestier. Oiseau extrêmement discret et farouche, j'ai réussie à l'observer depuis un discret sentier.

Conseils pratiques pour la billebaude :

- Garder son appareil photo à porté de main ! Et non pas dans le sac à dos ou la sacoche photo…
- Se déplacer sur les bords de chemin. On sera moins visible qu’en plein milieu s’il y a de la végétation sur les bords, et on pourra se cacher plus rapidement.
- Avoir une paire de jumelles pour regarder ce qu’il y a plus loin avant d’avancer.
- Mettre tout ses sens en éveil pour arriver à voir les animaux sans se faire repérer.
- Avoir des vêtements dans les mêmes tons que le milieu ou légèrement plus sombre.
- En sous-bois ou dans de faible lumière, un monopode permet d’être plus stable pour les photos tout en restant maniable. On peut l’utiliser en s’appuyant contre un arbre et on aura alors une stabilité qui se rapproche du trépied.

L’approche


L'approche se pratique pour certaines espèces ou lorsque l'on a repéré un animal de plus loin.
Il faut passer du temps dans la nature, pour comprendre le comportement, la réaction des animaux et trouver la distance à laquelle on peut s'approcher sans déranger.

Quelques conseils :

- Faire attention au sens du vent, les animaux ont un bon odorat ! L'idéal pour voir la direction d'un vent très faible est d'avoir une petite poire qui pulvérise du talque.
- Choisir son parcours d'approche en fonction du vent, des obstacles qu'il faut éviter ou rechercher si on veut se cacher derrière.
- Casser la silhouette humaine : avoir une tenue de camouflage en relief, se déplacer en rampant, ne jamais passer en crête sur fond de ciel car même avec un bon camouflage on sera repéré de très loin !
- Il est important de camoufler ses mains et son visage, car les animaux repèrent facilement l'homme avec sa peau claire.
- S’arrêter dès que l’animal semble être inquiet et attendre qu’il reprenne ses activités.


Bien connaitre le comportement des animaux est essentiel !
Quand le chevreuil est inquiet mais qu'il ne voit pas le danger, il mémorise tout le décors qu'il a devant lui. Puis il baisse sa tête au ras du sol, comme s'il mangeait. Et Il l'a relève d'un coup. Si on s'est déplacé pendant ce temps parce qu'on croyait qu'il se nourrissait, il verra immédiatement que quelque chose n'est plus à la même place !
Alors on est repéré, même s'il ne nous a pas vu en mouvement.

Pour se déplacer sans faire de bruit, plutôt que de marcher sur la pointe des pieds et perdre l’équilibre, il vaut mieux des chaussures à semelles assez souples et dérouler son pied en le posant depuis le talon jusqu’aux orteils.

Si on fait du bruit lors de notre approche (branche qui craque...), il faut s'arrêter, et attendre au moins 15 minutes pour espérer que les animaux ne soient plus en alerte..

Si on ne peut pas se déplacer sans faire de bruit (feuilles mortes au sol par exemple) on peut essayer d'avoir un rythme de pas se rapprochant des animaux, ce qui les inquiètera moins. Il faut alors marcher par séries de 3 à 8 petits pas successifs et faire des pauses.

Mais parfois l'approche est impossible.
Il faut savoir apprécier à distance, et ne pas tout perturber simplement pour espérer rapporter une image.

L’affût


On peut s'installer à l'affût simplement sous un filet de camouflage. Il faut alors ne faire aucun mouvement.

Pour que votre affût soit efficace, il faut :

- repérer un lieu favorable pour une espèce donnée.
- regarder le sens des vents dominants et se mettre à l'endroit où on a le moins de chance de sa faire sentir.
- construire l'affût en dehors de périodes sensibles pour la faune.
- prévoir des ouvertures à hauteur de la tête de l'espèce que l'on veut photographier.
- mettre un objet brillant à l’endroit où on a prévue de passer l’objectif sinon les animaux seront inquiet le jour où on est dedans.
- prévoir un chemin d’accès silencieux et si possible caché.
- arrivé et partir que lorsque les animaux ne sont pas là.


Pic épeiche photographié à l'affût.

Conseils techniques :

Un bon appareil photo pour faire des images animalière doit avoir :

- une bonne gestion des ISO, qui permet de faire des images en faible lumière, à l'aube ou au crépuscule.
- un bon mode rafale (plusieurs images pas seconde augmentent les chance de saisir le meilleur instant d'une scène).
- peu de bruit au déclenchement.
- un encombrement et un poids réduits.

Mais l'objectif fait la majeure partie de la qualité des images !

Réglages utiles :

- Flou de bouger : pour éviter d'avoir une image flou à cause d'un manque de stabilité à main levé, il faut avoir une vitesse de déclenchement égale à au moins à la longueur focale : 1/50 pour un 50 mm, 1/200 pour un 200 mm, 1/400 pour un 400 mm, etc.

- Rayons de soleil :
Pour obtenir un soleil où les rayons se distinguent, il faut régler une petite ouverture (ex : f32).


Marmotte dans les toutes premières lueurs.

- Oiseaux en vol : il faut avoir une vitesse d'au moins 1/500 de seconde pour figer un oiseau en plein vol. Mais en dessous on peut tenter des effets filés très esthétiques.


Début d'un combat aérien entre un gypaète barbu et un aigle royal !


Les deux oiseaux se tiennent par les serres en chute libre, et des nuages de plumes scintillent dans les airs.

- Profondeur de champ :

Elle varie selon plusieurs choses :
Longueur de la focale (plus elle est élevée et plus le fond est flou), distance par rapport au sujet (plus il est proche et plus le fond sera flou) et l'ouverture (plus elle este grande et plus le fond sera flou).


La proximité du bouquetin et la grande ouverture permettent de faire ressortir le premier plan.

- L'idéal est de photographier à hauteur des yeux de l'animal.


Le tichodrome échelette, l'oiseau papillon des parois verticales...
Pour saisir cet oiseau, il faut arriver à se placer en hauteur, à proximité des parois rocheuses qu'il fréquente.
Ce qui n'est pas toujours facile, et pour corser le tout, le petit oiseau ne tient pas en place !

Il est préférable de ne pas être au-dessus de l’animal afin qu’il ne soit pas "écrasé" sur l’image, sauf si l'effet est recherché :


Femelle bouquetin au bord du vide.

L'image...

Voilà pour ces quelques conseils.
La technique, c'est ce qui permet d'obtenir précisément l'effet que l'on cherche. Bien la maitriser facilite les choses.

Mais je pense qu'on ne fait pas de belles photos de nature simplement avec un cadrage et des réglages de l'appareil.

Le plus important est de s'imprégner de l'ambiance dans laquelle on est.
Il faut être à l'écoute de tout ses sens, pour vivre pleinement les émotions, et pouvoir les retransmettre dans ses images.
Il ne faut pas sortir simplement quand il fait beau, car les tempêtes rythment la nature, et donne une intensité aux photos.

Enfin je dirais qu'il faut savoir laisser la technique de côté, et photographier sur coup de cœur.
J'aime prendre le temps de m'arrêter dans un petit coin de nature, et simplement profiter de l'ambiance. Parfois calme, parfois sauvage, brumeuse ou neigeuse.
La photo, elle ne vient qu'après, d'elle-même.

Pour moi, les plus belles images sont celles où l'animal sauvage n'a vraiment pas été dérangé, où j'ai simplement été un témoin privilégié.


Par un pâle matin de début d'été, un renard s'est endormit sous le couvert d'un épicéa, comme un bébé...


Égaré dans la rosée, un petit brin d'herbe semble fleurir.


Et le soleil vient illuminer le versant.


Mais la chaleur de l'été, n'est que de courte durée en montagne. Le bouquetin le sait.


Dans la soirée, le ciel devient rose, et il semble s'écouler avec l'eau entre les rochers.


La brume descend au ras du sol, les jours deviennent plus courts.


Un son fait vibrer les troncs de la grande forêt.


Et l'automne arrive au milieu des mélèzes.


La buse par en chasse.


Le chevreuil quant à lui, profite de la douceur de l'air, car il sait que l'hiver approche...


Et par une belle matinée, le lièvre est surpris par le givre,


Et les premiers flocons ne tardent pas à tomber.


Dans un univers blanc le chamois affronte la tempête, à la dérive sur son ile de rochers...


Mais le printemps finit toujours par arriver...


Alors il est temps de faire la cour, de chanter et parader.


Et peut-être qu'un beau jour, un nouveau né découvrira le monde...

Guillaume Collombet

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