Et voilà, déjà plusieurs mois que je suis parti des montagnes...

Je découvre la plaine au fil des semaines, à travers champs, haies et bosquets.

La vie sauvage est toujours là.
Discrète et farouche, cachée au détour d'une lisière dans les dernières lueurs du soir.


Aujourd'hui un lièvre est sorti pas très loin de moi dans le champ. Je me plait à l'admirer se tenir sur ses pattes arrières pour observer les environs et voir s'il n'y a pas de danger.
Et puis la nuit finit par l'engloutir doucement...

Le froid arrive.

La végétation est encore verte. Mais les prémices de l'automne se font sentir.

C'est le moment.
Celui que j'attends chaque année dès la fin de l'été.
Je ne connais pas encore bien le secteur, mais je dois trouver une grande forêt. Il ne faut pas perdre de temps !

Je cherche sur les cartes, je regarde les photo aériennes sur internet, j'essaye de mettre à profit tout ce que je connais sur l'animal pour trouver un lieu où je pourrais le voir.

Je finis par trouver un lieu qui pourrait convenir...
Aller, je tente le coup ! j'espère que je trouverai des choses intéressantes là-bas.
Je prépare mon matériel photo, mon sac de couchage, et je pars le weekend venu.


J'arrive en fin d'après-midi. Il fait doux et la lumière est belle. Le soleil descend lentement le long des troncs. Il illumine l'écorce des pins avant de disparaitre.
J'écoute attentivement, mais il n'y a rien. Tout est calme...

C'est peut-être trop tôt en saison, ce n'est peut-être pas le bon endroit... Je dois continuer à chercher, mais je vais quand même passer la nuit ici, pour être sûre...


A l'aube je n'entends toujours rien. Je m'en vais un peu plus loin.

La brume est là, envahissant le paysage.

Je m'égare...

Il n'y a plus aucuns repères, seules des ombres dansent et s'effacent.
Une ambiance mystérieuse et sauvage s'installe.


Tout à coup un son !
Mon cœur se met à battre plus rapidement. La tension monte.
Je ne fais plus le moindre geste. J'écoute attentivement. Mes paupières se plissent, mes yeux essayent de repérer quelque chose dans le brouillard.

Un deuxième cri retentit, non loin de là.
Je suis au bon endroit !!!


Il me semble voir du mouvement au milieu des jeunes arbres. Mais je ne sais pas si c'est mon imagination qui me joue des tours avec le mouvement des branches.
J'avance très lentement, tous mes sens en alerte, dans la direction d'où provient le cri.
Et je met du temps à me rendre compte que je ne suis pas seul à écouter !


Furtivement je suis le pas de la biche qui avance en direction du son, le plus discrètement possible, caché derrière les branches.

Une toile d'araignée givrée semble bouger au rythme du cri rauque qui résonne de plus en plus fort.
Je me rapproche...


La biche hume le vent en tournant la tête. J'espère qu'elle ne va pas me sentir...
Mais tout va bien, elle se calme et reprend sa marche. Je la laisse partir, s'estomper dans la brume.


Je scrute les alentours pour voir s'il n'y a aucun autre animal. Tout me semble calme.
Alors je me remet en route. J'essaye de faire attention au moindre bruit. Je ne veux pas déranger les animaux.
Je désire juste pouvoir les observer, sans qu'ils ne soupçonnent ma présence.

Après un petit passage en forêt, je découvre une grande clairière où les fougères se mêlent aux jeunes arbres. La brume se dissipe légèrement, je n'entends plus rien.
Serait-il partit ?

Soudain des branches craquent juste à côté de moi. Je ne voie rien. Je ne bouge plus, je reste caché derrière de grandes fougères...
Un peu plus loin je distingue des oreilles qui se déplacent dans la végétation.
J'attends...


Les biches s'éloignent par moment. Puis elle réapparaissent furtivement dans les fougères.
Tout semble calme.

Puis un raire puissant me fait sursauter !
Il est là, tout près.
Je ne l'ai pas entendu venir.
Il se rapproche encore, mais je ne le vois toujours pas...
Ma respiration s'accélère, mes yeux le cherche dans les moindres recoins de végétation.

Et il finit par apparaitre, égaré dans son royaume de fougères.


Le cerf s'avance, à découvert.


Il se met à bramer, sous un léger voile de brume.
Le givre à fondu sur la végétation, et le cerf est trempé.
Ses bois sombres aux extrémités claires luisent dans les fines lueurs de l'aube.

Il se retourne. Il n'est vraiment pas loin, quelque dizaine de mètres, tout au plus.
Il pousse un puissant brame dans ma direction, et je dois bien l'avoué, j'ai eu la chair de poule.


Je reste immobile. Je ne veux pas être repéré.
Je l'observe un bon moment avant qu'il ne retourne dans les fourrés.


Les biches sont devant lui. Quand elles sont au milieu des fougères, je ne vois que leurs têtes qui dépassent furtivement. Mais quelques unes d'entre-elles sortent de la végétation un court instant, car elles passent sur un promontoire.

Ce serait magnifique si le cerf pourrait s'arrêter là !
Il n'y a pas beaucoup de lumière, dès que les animaux bougent les photos sont floues.
Je vois apparaitre par moment les bois du cerf au dessus des frondes. Il va en direction des biches.
L'excitation commence à monter. Va-t-il sortir sur la butte ?

Je le suis doucement dans le viseur de l'appareil photo, j'attends, je ne déclenche pas. Pas encore...

Soudain il s'avance, son corps sort de la végétation.
Il s'arrête. Ses bois s'inclinent vers l'arrière lentement. Et un brame retentit dans la forêt.


Puis le cerf s'enfonce dans le sous-bois, et disparait comme il est apparut.


Un traquet vient écouter les derniers échos du brame qui se retirent.


Et la forêt retrouve son calme, dans les premiers rayons de soleil.



L'automne avance.

Le brame du cerf résonne encore mystérieusement entre les arbres.


Ce n'est qu'un son qui traverse la forêt... L'animal reste difficile à voir.





Pourtant, peut-être que par un matin brumeux, c'est lui qui inquiète le petit rouge-gorge.


Il n'y a pas de bruit. Mais le cerf sait se déplacer discrètement et il peut passer facilement inaperçu dans la végétation malgré sa taille.
Il faut alors être là, au bon endroit, au bon moment pour l'apercevoir furtivement.


Mais quand le soleil arrive, il disparait...

Couché dans la brande


Ou caché quelque part, dans la mystérieuse forêt...


L'automne n'est qu'une transition. Il est temps pour le seigneur de se retirer...

La saison des amours est finie.



Pour vois les autres pages du site, aller en haut à droite sous la rubrique les autres pages du blog



Cliquez ici pour laisser des commentaires !