© Guillaume COLLOMBET ~photos de nature~

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Tétras-lyre, quand le ton monte dans l'arène...

Publié le vendredi 11 juin 2010


L'aube se lève sur la montagne. De la neige fraiche est tombée cette nuit, et a saupoudré les sommets.

Mes traces de ski de rando suivent des traces d'oiseaux. Elles s'entremêlent et créent des dessins au beau milieu des cristaux de neige.


Qui a laissé ses empreintes derrière lui avant que le soleil ne sorte ? Qui est venu faire des aller-retour sur la neige ce matin ?

Nous sommes début Avril.
Ces traces m'indiquent que les parades ont commencées.
Demain, il faudra partir tôt !


3 h du matin

La vallée est encore endormie.
Le ciel est dégagé, et le froid me mord le visage. Sous les étoiles, je charge mon sac sur les épaules, et je chausse mes skis de randonnée.
Tout est calme, seul le son de mes peaux de phoque qui glissent sur la neige se fait entendre au pied des mélèzes.
Je passe à côté d'un lac gelé, qui scintille au pied des montagnes enneigées.
Avec la neige, on peut aisément se déplacer de nuit sans lampe. Mais ce n'est qu'au bout de 45 minutes que nos yeux seront adaptés au maximum à l'obscurité.

Après plusieurs centaines de mètres de dénivelé, j'arrive sur ma place d'affût vers la zone de combat de la forêt. J'enfile des vêtements secs, je cache mes skis et mon sac sous les branches d'un petit arbre touffu, et je met ma tenue de camouflage. Il n'y a plus qu'à attendre...

Les étoiles s'effacent une à une du ciel. Un premier chant d'oiseau réveil la montagne, c'est celui du merle à plastron. Un peu avant 5 h, un roucoulement se fait entendre. Puis un autre répond. Il ne faut plus bouger, plus faire le moindre geste. Il faut encore attendre, rester là, immobile comme ce vieil arbre tortueux. Il faut attendre... les première lueurs du jour.


Soudain, le chant se rapproche. Une silhouette s'avance en crête, à quelques mètres de moi.


Il est là, le magnifique coq de tétras-lyre. Il saute sur place quand il est excité ou se déplace au sol en roucoulant.

Mais dès que la lumière du jour devient trop forte, il disparait dans l'ombre de la forêt pour la journée...


Les jours se suivent et s'allongent. Le ton monte dans l'arène. Les coqs défendent leur place de chant. Ils peuvent utilisés la même place (appelée "lek") au mètre près d'année en année.

Fin Avril
Alors que je m'apprêtait à faire des photos d'un mâle qui chantait juste à coté de moi depuis une heure, il s'envole en contre-bas. Mais je sens que l'agitation monte chez les oiseaux. Les chants s'intensifient et se répondent.
Juste dessous, dans une petite clairière, les premières femelles arrivent sur les places de chant !


Alors jour après jours, l'excitation gagne les mâles.
Le moment le plus important des parades se situe en Mai.


Ils font quelques allers et retours dans un périmètre restreint sur leur place de chant. Ils exhibent leur plumage et leur queue en forme de lyre, à l'origine de leur nom.


Et parfois le ton monte avec un rival !
Alors un coq va défier l'autre sur son arène pour montrer qu'il est dominant.

Les deux oiseaux se fixent, ils gonflent leurs plumages et essayent de s'intimider.


Soit les oiseaux repartent chacun de leur côté...


Soit il faut se voler dans les plumes !


Tout ça pour conquérir le cœur des femelles au plumage mimétique qui restent bien souvent cachées dans un buisson pour les observer. Mais ils arrive qu'elles viennent voir les coqs sur leur place de chant.


Une fois que le jour est bien levé, certains mâles rejoignent la cime des arbres et continuent parfois de chanter.


Le tétras tourne la tête, il surveille les environs. Un renard traverse sur la neige, juste à côté du lac gelé.


Il entend le cri des marmottes qui sont sorties un peu plus haut.


Mais il repart à la recherche de petits rongeurs, sans se soucier d'elles.


La neige est encore bien présente en altitude. Mais cela ne change pas la date de sortie des marmottes qui est quasiment la même chaque année, qu'elles doivent creuser la neige ou non.
Mais pour marquer la limite de leur territoire, certaines marmottes s'éloignent un peu de leur terrier...


Et sont facilement repérable !


Heureusement pour elle, un cri unique de l'une de ses congénère l'a avertis d'un danger imminent. L'aigle royal est de passage.
Alors tous aux abris !


Par endroit la neige a fondue. Alors la végétation d'altitude qui n'a que peu de temps pour fleurir colore immédiatement le sol.


Même si la glace est encore bien présente...



Quelques rochers dépassent désormais de la neige. Une marmotte s'en sert de tour de guet pour surveiller s'il n'y a pas de dangers.
Seul un petit oiseau chanteur attire son attention.


Il s'agit du merle à plastron, le premier oiseau qui chantait ce matin avant même que les tétras ne soient levés.


Les jours s'écoulent. Le printemps gagne lentement de l'altitude.


Les tétras continuent leur parade amoureuse discrètement, à la pointe du jour.
Les places de chant peuvent changer légèrement d'endroit avec l'évolution de la neige. La plupart des coqs recherchent des belles plaques de neige surélevées où ressortira leur beau plumage.


Cela fait 4 h que je suis caché, et que j'observe à distance un mâle qui parade. Quand le soleil commence à réchauffer l'air, il arrête de chanter, et se perche dans un petit mélèze, pour manger des bourgeons et reprendre quelques forces.
Juste dessous lui, il y a une belle pente enneigée. J'aimerais saisir son envol vers la forêt, mais ces oiseaux sont très rapides. Alors j'attends, prêt à déclencher. Je surveille ses moindre gestes dans l'arbre.
Et soudain, c'est le départ !


Face au soleil levant...


Instant magique et éphémère.

La fin des parades approche, avec l'arrivée du moi de Juin.
La neige se retire en altitude.
Certains tétras chantent encore.
Par une belle matinée ensoleillée, un renard sort à quelques mètres d'un coq !


Mais le tétras continue de chanter calmement. Le renard sait qu'il a peu de chance. Alors il fait semblant de chercher des campagnols, et s'approche de l'oiseau en gardant son museau au ras du sol. Puis il essaye quand même de sauter sur le tétras quand il passe juste à côté, mais en vain. L'oiseau est trop rapide, et il sait au mètre près quand est-ce que le prédateur est dangereux ou non.


Alors le renard repart, et le coq revient chanter sur la même place 5 minutes plus tard...
Un autre mâle a observé la scène depuis un mélèze.

C'est ainsi que finissent les parades. L'oiseau ne devient qu'une ombre, difficile à observer.


Début Juin, dans les terres d'altitude...


Un léger brouillard semble ramper le long des versants.
Il fait très froid. Voilà près d'une heure que je marche, et je viens de me rendre compte que mon appareil photo a entièrement givré !!!
C'est l'humidité du brouillard qui se dépose.

Ici, sur le sol, une petite plume blanche toute givrée elle aussi reste accrochée dans les brins d'herbe.


Elle appartient au lagopède alpin, dit aussi perdrix des neiges, qui est en train de perdre son plumage hivernal entièrement blanc.
L'oiseau est caché juste au dessus, bravant le froid de l'aube.


Le givre s'empare de tout.


Mais la lumière s'accroit, et la température gagne quelques degrés peut-être...
Un lagopède surgit derrière la crête, comme un fantôme.


Et il vient parader sur la neige. Cet oiseau appartient à l'ordre des galliformes comme le tétras.


Il est adapté à l'altitude. Il a des pattes larges et emplumées. Celles-ci lui permettent de marcher sur la neige, comme avec des raquettes.


Ses ailes apparaissent tout en finesse comme de la neige, et son corps semble rocailleux.


Il peut être difficile de voir cet oiseau, car sa méthode de défense est le camouflage. Il possède 4 plumages différents selon les saisons, qui le cachent parfaitement dans son environnement.




L'hermine a elle aussi changé son beau pelage blanc et part en chasse à vive allure.


Les premiers rayons de soleil arrivent.


Et le givre se change en gouttelettes de rosée sur les fleurs.


Soudain il y a du mouvement un peu plus loin !



Il s'agit de deux pipits spioncelle qui expriment leur amour, en virevoltant au dessus de la neige, éclairés par la douceur des premiers rayons du soleil.



Lentement la neige fond, et les fleurs gagnent les sommets...




Ainsi s'endort la montagne.


Mais il y aura toujours un matin, où la chance vous sourit.

Un matin comme celui-ci, où les étoiles scintillent de toute leur force, où aucun nuage ne vient troubler le ciel.

J'étais caché, dans un creux de neige. J'attendais l'aube au beau milieu du froid. J'attendais le tétras-lyre, dans l'espoir de rapporter une belle image.

C'est un oiseau très farouche. Pour les photos présentées dans cette page, j'étais en camouflage intégral, avec une installation à l'affût de nuit. J'étais obligé d'équipé mon appareil d'une housse antibruit, car au moindre clic le tétras peut s'envoler. Les coqs entendent même le bruit discret de la mise au point ou de la stabilisation de l'objectif !

Il fait encore nuit. J'entends un battement d'aile qui se rapproche de moi.
Un tétras vient se poser à moins de 10 mètres et commence à chanter.
Je distingue sa silhouette sur fond de neige.
Déjà une demi-heure que je l'observe, il est magnifique.
Mais je ne peux faire aucune image, il n'y a pas assez de lumière...

Soudain, j'entends du bruit sur la neige, contre moi !

Je n'ose bouger.

C'est un lièvre variable qui passe.
Il se dirige droit sur le tétras et s'arrête à 1 mètre du coq !!!
Il se dresse sur les pattes arrières et regarde curieux l'oiseau qui se remet à parader.

Quel spectacle incroyable de deux espèces emblématiques de montagne. Je n'ai pu faire aucune image, mais il faut savoir savourer simplement avec ses yeux.

Mais comme je disais la chance finit toujours par arrivée.

Un matin, lorsque les premières lueurs du jour créaient une ambiance douce sur la neige...
Le chant d'un coq se rapproche, de plus en plus vite, de plus en plus fort.
Mon cœur commence à s'emballer, je l'entends tout près, mais je ne vois rien.
Et puis il est apparut, dans une belle lumière, à travers quelques branches d'un mélèze. J'ai retenu mon souffle, et très lentement j'ai presser le bouton de l'appareil. Puis l'oiseau est repassé derrière la bosse.
Je n'ai pu faire qu'une seule photo.
Pourvut qu'elle ne soit pas manquée !!!

Alors je l'affiche à l'écran et je lève mes yeux tout doucement


Parfait !!! :-)

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Eveil de la montagne

Publié le vendredi 11 juin 2010

Le printemps arrive sur les cimes, la neige fond, et les marmottes sont de sortie. Mais attention, l'aigle royal et les renards rodent !

Je vous laisse découvrir l'ambiance des parades de tétras-lyres avec une petite vidéo.

Alors montez le son, et découvrez la montagne qui se réveille !


(Je m'excuse pour la qualité des images, je n'ai pas toujours pu sortir le trépied lors de mes affûts...)

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