La nuit n'est plus, le jour n'est pas encore. Tout est sombre, il n'y a plus aucuns repères. L'atmosphère est vide, le silence règne en maitre. Mais ici, à l'orée du bois, un esprit semble veiller sur son domaine, avant de disparaitre dans l'ombre...


Le jour se lève timidement, et quelques rayons de soleil essayent d'illuminer la profondeur de la grande forêt dont la cime des arbres les plus hauts domine la brume.

Tout est calme, seul le chant des petits oiseaux montre que la nature se réveille lentement. Cependant, quelque chose a changé. Du givre s'est déposé dans la nuit et les journées semblent plus courtes.
Au fil des semaines qui s'écoulent, la grande forêt de mélèze perd sa verdure et se transforme en or.


Ces légers changements laissent soupçonner que les beaux jours sont derrière, que la rude saison avance pas à pas. Cette transition, même si elle est imperceptible au début, déclenche de l'activité chez la faune sauvage. Au loin, dans la montagne, la marmotte prépare son terrier pour passer l'hiver et le berger surveille encore son troupeau qui va bientôt descendre d'alpage.
Dans la forêt l'écureuil remplie son garde-manger pour tenir bon quand la neige viendra. Mais au cœur des sous-bois, quelques traces laissées dans la boue témoignent d'un va et vient incessant, d'un mouvement qui se lance en secret. Quelque chose se prépare.

Ce soir, alors que l'écureuil cachait quelques noisettes, il se fige sur sa branche comme pétrifier.


Le chevreuil s'arrête, il fixe les environs et dresse ses oreilles en direction des fourrés.


Non loin de là, une biche écoute attentivement. Tout est arrêté, plus rien ne bouge. C'est comme si le temps s'était suspendue.


Un son déchire le silence de la forêt. Il se répercute sur l'écorce des vieux arbres et semble faire vibrer l'humus et la mousse des sous-bois.


Le soleil se couche. En lisière, une biche s'avance lentement à découvert, surveillant s'il n'y pas de danger. Son faon né ce printemps la suit.


Le son se déplace dans la forêt et se rapproche du pré. Soudain, une silhouette massive domine la clairière, elle fixe la biche. La lumière du jour a presque disparue, il ne reste que les dernières lueurs de la soirée. Le maitre des lieux arrive.


Peu de temps après, c'est déjà la lune qui vient éclairer la scène.


Le grand cerf s'arrête au sommet de la bosse qui domine la clairière. D'autres biches sont sorties dessous. Lentement, il incline sa grande ramure le long de son dos, son cou se tend, et ses yeux se ferme à demis clos. Sa bouche s'ouvre, et un puissant brame secoue le calme de la soirée.


Par moment, il baisse son museau au niveau du sol, mais il ne mange pas, il ne fait que sentir les odeurs des biches. Durant toute la période des amours, il ne se nourrit plus, il cherche les femelles en chaleur et se repose rarement. Même s'il semble dominer la harde de biches, ce n'est pas le cerf qui les attirent sur sa place en bramant. Il ne fait que suivre les femelles qui viennent tous les soirs manger à découvert.


Au petit matin les derniers échos du brame donnent encore vie à la forêt. La clairière s'est vidée, il n'y a plus qu'un daguet (jeune cerf mâle âgé de 1 an qui porte des bois sans ramifications) qui passe un peu de temps à découvert.


La rosée du matin scintille de ses éclats sur les végétaux.


Tel un funambule, une mésange à longue queue marche le long d'une branche en équilibre avec ses petites pattes.


Juste dessous, deux branches se déplacent. Ce sont les bois du grand cerf qui traverse la forêt dans l'ombre du matin. Il quitte sa place de brame de cette nuit et va se cacher pour la journée.




Le soleil dissipe lentement la brume matinale, et un magnifique ciel bleu s'installe.


Profitant de la chaleur, un renard cherche des campagnols en lisière.


Perchés sur un arbre mort, un couple de bec-croisés des sapins attend calmement que la température augmente.



Plus haut en altitude les bouquetins ne se soucient guère de la folie du brame. Peut-être entendent-ils des échos qui remontent le long des versants la nuit.


Un aigle royal juvénile vient flotter dans les airs au dessus d'eux, étalant ses 2 m d'envergure devant le soleil.


Le jeune bouquetin reste à proximité de sa mère, mais il est déjà grand et ne risque plus de se faire enlever par l'aigle.



Ainsi s'écoulent les longues journées d'automne. Petit à petit, les conditions météo changent, la neige descend en altitude et le froid s'installe. La forêt retrouve doucement son calme et le brame s'estompe dans les clairières reculées. Mais au dessus des arbres, d'autres animaux s'animent avant que l'hiver impose ses conditions extrêmes.


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